La grotte du Curé et la fontaine Saint-Etienne
Présentation
Malgré son aspect pittoresque et sa dénomination, aucun document ne raconte
l’usage et le nom d’un habitant du lieu.
La formation des couches de grès, formant une calotte de roche rugueuse sur
plusieurs mètres d'épaisseur, telle qu’on peut encore la voir autour de la Grotte du Curé résulte d'une agglomération, dans un ciment siliceux, des grains de sables alluvionnaires déposés en bordure de lagunes marines. Cette colle provient d’une dissolution, surprenante à nos yeux, de la silice, matière quasi exclusive des grains de sable. L'évolution, imperceptible à l'échelle humaine, s’est déroulée dans des conditions climatiques très différentes de celles que nous connaissons aujourd’hui. Il faudrait imaginer une plage tropicale où se baignaient des tortues marines et des lamantins, durant une période de plusieurs millions d’années. Aujourd'hui, 30 millions d’années après, le relief s’est inversé. La concrétion gréseuse qui s’est formée sur les flancs d’une lagune marine se retrouve au sommet d’une colline après le ravinement provoqué par le retrait de la mer qui occupait le centre du bassin parisien. Le grès ne recouvre plus qu’une partie du sommet du Rocher Saint Étienne.
Il est très probable que la dalle gréseuse a été débitée en commençant par un front de taille le plus proche d’une voie d’accès vers le village. La roche a donc reculé jusqu’à la Grotte du Curé. Cet abri d’environ huit mètres de large sur une profondeur de cinq mètres est contenu par des murs de pierres sèches. Une carte postale ancienne montre une arche d’entrée dont le seuil était plus bas qu’aujourd’hui. Mais la roche s’étant fissurée à une époque récente, on effondra partiellement les écales se détachant du plafond et on s’en servit pour maçonner quelques piliers à l’intérieur de la salle.
Sur le terrier de 1774, une croix domine le site et la Fontaine Saint Étienne est déjà située à proximité. Cette modeste source a pu faciliter l’installation d’un ermite que le nom du lieu-dit de la pente sud, l’ermitage, semble suggérer. Sous une arche maçonnée, quelques marches descendent vers un creux rocheux. Les pluies tombées sur la surface du sommet s’infiltrent dans les fissurations de la dalle gréseuse, suintent et se concentrent dans cette vasque d’un volume de plusieurs dizaines de litres et qui est rarement asséchée. La Fontaine Saint Étienne fut rénovée à l’occasion du contrat rural de 1980, pour maintenir la construction telle quelle apparaît sur les cartes postales du début du XXème siècle. Vous pouvez la trouver à gauche de la grotte du curé.
Tout d’abord, les rois de France furent les seigneurs du lieu. Et quand le roi eut
vendu la suzeraineté de la seigneurie de Villiers à son chambellan, le sieur de
Bouville, il délaissa sans doute à la communauté des villageois les bois et les roches du Rocher St Étienne. Cinq siècles plus tard, lors de « l’inventaire des biens nationaux » de 1791, les habitants de Villiers purent donc prétendre posséder depuis des temps immémoriaux les 16 hectares du lieu. Sans réelle valeur économique, ces biens communaux, si rares dans notre région, ne furent pas vendus à l’encan comme l’école ou le presbytère et restèrent la propriété de la toute nouvelle commune de Villiers. Du vieux terrier de 1774, dernier plan relevé à l’initiative du seigneur féodal de l’époque, au cadastre de 1824, la surface de ce bien communal n’a pas beaucoup variée, seulement un peu grignotée sur les parties les plus plates que l’on pouvait exploiter en y plantant des pins.
Du temps du poêle à bois et de l’emploi des pins pour sécuriser les galeries de
mines, de fer ou de charbon, le bien commun conserva un réel intérêt sylvicole. Le conseil municipal réserva de 1920 à 1930 auprès du marchand de bois lillois à qui l’on avait pris l’habitude d’adjuger les coupes, une dizaine de stères et le double de bourrées à prendre sur les pins du Rocher Saint Étienne, pour le chauffage de l’école, du logement de l’instituteur et de la mairie. C’est le produit de la coupe des bois qui finança, en 1925, les travaux de transformation de la mare communale. Un cyclone dans la nuit du 29 au 30 janvier 1938 ayant arraché une grande partie des pins dans le rocher St Étienne, le maire put toutefois les vendre pour 9000 francs de l’époque. Cela justifiait encore l’achat de plants pour maintenir la pinède. Les années suivantes furent moins florissantes. Le prix des résineux diminua. Et le massif forestier fut la proie d’incendies en 1943, en 1956 et en 1959. On put tout juste en obtenir, par compensation, 15 stères de bois dur pour l’école dont le poêle était toujours à bois. L’année suivante, les arbres morts étaient proposés pour rien à ceux qui voulaient bien les enlever sous la surveillance du garde champêtre qui avait encore un képi. Une autre année, c’était la chenille processionnaire qui mangeait les jeunes repousses ; et ces derniers temps, un orage de grêle affaiblissait les frondaisons exposées à l’ouest de telle sorte qu’en quelques semaines, en plein été, la couronne verte vira au roux. Au fil des années, le flanc nord du Rocher St Étienne se dégarnit de ses pins. Morts debout, la résine n’étant plus aspirée vers la ramure, ils subissaient encore longtemps l’exposition de leur tronc devenu gris, leur écorce desséchée, écaillée à leur pied avant que celui-ci rongé par les taupins ne les soutiennent plus. Ils gisaient dans un mikado géant que dégagea récemment une équipe de bûcherons débardeurs aidés de leurs chevaux.
Une dernière anecdote peut aussi expliquer le nom donné à l’abri du Rocher Saint Étienne. Le 1er juin 1652, au temps de la Fronde, quand le jeune roi de France Louis XIV s’opposait aux grands de sa noblesse, le curé d’alors, Pierre Petit, en habit de chasse et fusil en bandoulière, gravit le Rocher St Étienne en compagnie du sieur Ricard et de Symphorien Paillard. Le but de cette « promenade » était d’apercevoir, du haut de l'observatoire naturel, les mouvements annoncés des troupes rebelles menées par Condé et suivies par l’armée royale commandée par Turenne. Selon le témoignage de Ricard, après être restés quelque temps sur place et « n’ayant aperçu aucuns gens de guerre passer, ils étaient descendus dans le bois de l’Ermitage qui est un taillis fort ». Dans la pente du versant sud, dans le Bois de l’Ermitage, le fusil du curé blessa mortellement Symphorien Paillard. Pierre Petit expliqua le départ du coup par l’accrochage de la gâchette dans une branche d’arbre. Toutefois, lors de l'enquête médico-légale, le médecin commis à cet effet, constatera trois blessures bien distinctes. Pierre Petit se réfugia au château de Bourron d'où il résigna sa cure en faveur de Gilles Bécherel, déjà vicaire de la paroisse. Les soldats de Condé pillèrent Recloses et envahirent Villiers le 23 août. Ces frondeurs se contentèrent de quelques réquisitions et l’armée de Turenne ne
semble pas avoir approché le village.
Malgré son aspect pittoresque et sa dénomination, aucun document ne raconte
l’usage et le nom d’un habitant du lieu.
La formation des couches de grès, formant une calotte de roche rugueuse sur
plusieurs mètres d'épaisseur, telle qu’on peut encore la voir autour de la Grotte du Curé résulte d'une agglomération, dans un ciment siliceux, des grains de sables alluvionnaires déposés en bordure de lagunes marines. Cette colle provient d’une dissolution, surprenante à nos yeux, de la silice, matière quasi exclusive des grains de sable. L'évolution, imperceptible à l'échelle humaine, s’est déroulée dans des conditions climatiques très différentes de celles que nous connaissons aujourd’hui. Il faudrait imaginer une plage tropicale où se baignaient des tortues marines et des lamantins, durant une période de plusieurs millions d’années. Aujourd'hui, 30 millions d’années après, le relief s’est inversé. La concrétion gréseuse qui s’est formée sur les flancs d’une lagune marine se retrouve au sommet d’une colline après le ravinement provoqué par le retrait de la mer qui occupait le centre du bassin parisien. Le grès ne recouvre plus qu’une partie du sommet du Rocher Saint Étienne.
Il est très probable que la dalle gréseuse a été débitée en commençant par un front de taille le plus proche d’une voie d’accès vers le village. La roche a donc reculé jusqu’à la Grotte du Curé. Cet abri d’environ huit mètres de large sur une profondeur de cinq mètres est contenu par des murs de pierres sèches. Une carte postale ancienne montre une arche d’entrée dont le seuil était plus bas qu’aujourd’hui. Mais la roche s’étant fissurée à une époque récente, on effondra partiellement les écales se détachant du plafond et on s’en servit pour maçonner quelques piliers à l’intérieur de la salle.
Sur le terrier de 1774, une croix domine le site et la Fontaine Saint Étienne est déjà située à proximité. Cette modeste source a pu faciliter l’installation d’un ermite que le nom du lieu-dit de la pente sud, l’ermitage, semble suggérer. Sous une arche maçonnée, quelques marches descendent vers un creux rocheux. Les pluies tombées sur la surface du sommet s’infiltrent dans les fissurations de la dalle gréseuse, suintent et se concentrent dans cette vasque d’un volume de plusieurs dizaines de litres et qui est rarement asséchée. La Fontaine Saint Étienne fut rénovée à l’occasion du contrat rural de 1980, pour maintenir la construction telle quelle apparaît sur les cartes postales du début du XXème siècle. Vous pouvez la trouver à gauche de la grotte du curé.
Tout d’abord, les rois de France furent les seigneurs du lieu. Et quand le roi eut
vendu la suzeraineté de la seigneurie de Villiers à son chambellan, le sieur de
Bouville, il délaissa sans doute à la communauté des villageois les bois et les roches du Rocher St Étienne. Cinq siècles plus tard, lors de « l’inventaire des biens nationaux » de 1791, les habitants de Villiers purent donc prétendre posséder depuis des temps immémoriaux les 16 hectares du lieu. Sans réelle valeur économique, ces biens communaux, si rares dans notre région, ne furent pas vendus à l’encan comme l’école ou le presbytère et restèrent la propriété de la toute nouvelle commune de Villiers. Du vieux terrier de 1774, dernier plan relevé à l’initiative du seigneur féodal de l’époque, au cadastre de 1824, la surface de ce bien communal n’a pas beaucoup variée, seulement un peu grignotée sur les parties les plus plates que l’on pouvait exploiter en y plantant des pins.
Du temps du poêle à bois et de l’emploi des pins pour sécuriser les galeries de
mines, de fer ou de charbon, le bien commun conserva un réel intérêt sylvicole. Le conseil municipal réserva de 1920 à 1930 auprès du marchand de bois lillois à qui l’on avait pris l’habitude d’adjuger les coupes, une dizaine de stères et le double de bourrées à prendre sur les pins du Rocher Saint Étienne, pour le chauffage de l’école, du logement de l’instituteur et de la mairie. C’est le produit de la coupe des bois qui finança, en 1925, les travaux de transformation de la mare communale. Un cyclone dans la nuit du 29 au 30 janvier 1938 ayant arraché une grande partie des pins dans le rocher St Étienne, le maire put toutefois les vendre pour 9000 francs de l’époque. Cela justifiait encore l’achat de plants pour maintenir la pinède. Les années suivantes furent moins florissantes. Le prix des résineux diminua. Et le massif forestier fut la proie d’incendies en 1943, en 1956 et en 1959. On put tout juste en obtenir, par compensation, 15 stères de bois dur pour l’école dont le poêle était toujours à bois. L’année suivante, les arbres morts étaient proposés pour rien à ceux qui voulaient bien les enlever sous la surveillance du garde champêtre qui avait encore un képi. Une autre année, c’était la chenille processionnaire qui mangeait les jeunes repousses ; et ces derniers temps, un orage de grêle affaiblissait les frondaisons exposées à l’ouest de telle sorte qu’en quelques semaines, en plein été, la couronne verte vira au roux. Au fil des années, le flanc nord du Rocher St Étienne se dégarnit de ses pins. Morts debout, la résine n’étant plus aspirée vers la ramure, ils subissaient encore longtemps l’exposition de leur tronc devenu gris, leur écorce desséchée, écaillée à leur pied avant que celui-ci rongé par les taupins ne les soutiennent plus. Ils gisaient dans un mikado géant que dégagea récemment une équipe de bûcherons débardeurs aidés de leurs chevaux.
Une dernière anecdote peut aussi expliquer le nom donné à l’abri du Rocher Saint Étienne. Le 1er juin 1652, au temps de la Fronde, quand le jeune roi de France Louis XIV s’opposait aux grands de sa noblesse, le curé d’alors, Pierre Petit, en habit de chasse et fusil en bandoulière, gravit le Rocher St Étienne en compagnie du sieur Ricard et de Symphorien Paillard. Le but de cette « promenade » était d’apercevoir, du haut de l'observatoire naturel, les mouvements annoncés des troupes rebelles menées par Condé et suivies par l’armée royale commandée par Turenne. Selon le témoignage de Ricard, après être restés quelque temps sur place et « n’ayant aperçu aucuns gens de guerre passer, ils étaient descendus dans le bois de l’Ermitage qui est un taillis fort ». Dans la pente du versant sud, dans le Bois de l’Ermitage, le fusil du curé blessa mortellement Symphorien Paillard. Pierre Petit expliqua le départ du coup par l’accrochage de la gâchette dans une branche d’arbre. Toutefois, lors de l'enquête médico-légale, le médecin commis à cet effet, constatera trois blessures bien distinctes. Pierre Petit se réfugia au château de Bourron d'où il résigna sa cure en faveur de Gilles Bécherel, déjà vicaire de la paroisse. Les soldats de Condé pillèrent Recloses et envahirent Villiers le 23 août. Ces frondeurs se contentèrent de quelques réquisitions et l’armée de Turenne ne
semble pas avoir approché le village.